vendredi 26 juillet 2013

Vendredi 26 Juillet 2013. Hier soir: repas avec des étudiants dans un centre commercial moderne (et propre!), avec vue sur le Marché Central (belle construction de l'époque coloniale) et sur les gratte-ciel de plus en plus spectaculaires qui poussent à Phnom Penh comme riz pendant la saison des pluies, puis soirée karaoke typique (même moi j'ai chanté, "Alors on danse" de Stromae, et "Another brick in the wall" des Pink Floyd: Phnom Penh est une ville moderne!). Maintenant, je vais travailler avec Vuthy sur un article de la Revue Française de Sociologie: ce n'est pas étonnant qu'il ait du mal à comprendre ce texte! Bises, Prof. Sochetra.

jeudi 25 juillet 2013

Jeudi 25 Juillet 2013. Un peu de politique (je prends des risques ici!). Sam Rainsy est un homme politique khmer qui est le principal opposant à l'actuel premier ministre qui s'appelle Hun Sen: je vous rappelle que le Cambodge est un Royaume dont le roi actuel s'appelle Norodom Sihamoni, fils de Norodom Sihanouk qui était très connu et toujours adoré par tous les khmers (il est décédé en novembre dernier et ce fut un immense événement triste pour tout le pays avec des commémorations absolument incroyables pendant plusieurs jours). Il n'y a donc pas de président et le premier ministre est l'homme fort du pays. Même très fort en ce qui concerne Hun Sen, qui est au pouvoir depuis plus de 20 ans et qui est le maître du pays, contrôlant tout (armée, finances, justice, entreprises, ...) avec l'aide de ses amis et de sa famille. Évidemment, peu de libertés d'expression et beaucoup de corruption. ... Il a d'ailleurs fait condamner son principal opposant, Sam Rainsy, à 11 ans de prison, il y a 4 ans, parce que celui-ci a déplacé physiquement une borne frontière entre le Cambodge et le Vietnam (c'est vrai, quand même, que c'est une drôle d'idée de faire ça!). Pour échapper à la prison, Sam Rainsy s'est donc exilé en France depuis 2009. Mais dimanche 28 prochain, il y a des élections législatives au Cambodge, comme tous les 5 ans. Et le roi a accordé sa grâce à Sam Rainsy pour qu'il puisse revenir ici avant ces élections. Et il est revenu vendredi dernier: il a dû mettre 5 heures pour faire les 10 km qui séparent l'aéroport du centre ville, debout à l'arrière d'une voiture, accueilli par environ 1,5 million de personnes, le long du trajet, devant lui et derrière lui, fous de joie de le revoir après ses 4 ans d'exil! J'y étais, avec beaucoup d'étudiants qui le soutiennent, j'ai pris des photos et des vidéos et il est passé juste devant moi, à 3 ou 4 mètres. C'était absolument incroyable de voir toute cette effervescence: la seule autre fois où le pays a connu de tels rassemblements, c'était justement pour le retour de la dépouille de Norodom Sihanouk qui est mort en Chine et qui a bien sûr était incinéré à Phnom Penh. Et depuis vendredi, tous les jours, d'immenses cortèges sillonnent la ville (déjà que c'est le bordel en temps normal!), pour son parti mais aussi pour le parti de Hun Sen qui met les bouchées doubles: c'est sûr que Hun Sen va être réélu (corruption oblige), notamment grâce aux votes dans les campagnes où les gens ont peur du changement et sont faciles à acheter. Certains disent que si par hasard Sam Rainsy est élu, il y aura une guerre civile: je pense que c'est vrai mais qu'il n'y a aucune chance qu'il soit réélu. Bref, suivez les informations dimanche soir pour savoir si votre petit reporter est en danger!.... Autre chose: apparemment vous recevez mes photos à l'envers! C'est bizarre car évidemment je les envoie à l'endroit: je vais essayer d'y remédier, mais cela fait peut être partie des mystères de l'orient!.... Bises électorales au goût révolutionnaire, François.

mercredi 24 juillet 2013

Mercredi 24 Juillet 2013. Bonjour les amies et les amis, Troisième épisode en direct de Phnom Penh, où je suis arrivé il y a 6 jours. Pour une fois, je suis venu tout seul, sans Moni ni Pheng, car ils sont occupés avec leurs familles et les travaux qui vont bientôt commencer dans les rizières, et ici je fais la tournée des étudiants khmers qui sont revenus de France. A propos de famille, le fils de Pheng, âgé de 18 mois, a failli se noyer dans une grande mare! Il était chez les beaux-parents de Pheng et il est tombé dans cette mare, tout seul. Quand ils l'ont découvert, il était dans l'eau, inconscient. Pheng l'a mis sur sa moto et l'a amené dans une clinique de Kampot, avec l'enfant toujours inconscient. Heureusement, les médecins ont pu le réanimer: ils l'ont gardé une nuit en surveillance, mais il n'y a pas eu de complications et le lendemain, ils sont rentrés chez eux. Beaucoup de peurs mais pas trop de mal. .... Ici, à Phnom Penh, ma vie est complètement différente. J'ai dormi une nuit chez un premier étudiant, Vuthy. Sa maison est plutôt sommaire mais très grande car ils sont environ 15 à y vivre! Ils m'ont évidemment chouchouté. Et depuis la deuxième nuit, je dors chez un autre étudiant, Bunheng. Et là, je suis encore plus chouchouté! Sa maison, proche du centre de la ville, est en fait un petit immeuble de trois étages, très moderne et très bien aménagé: ma"chambre" occupe le 3ième étage, soit environ .... 100 mètres carrés! Et ils ne sont que 6 à y vivre. Et sa tante est une excellente cuisinière! Toute sa famille est très sympathique: ils sont un peu timides avec moi car ils n'ont pas l'habitude de côtoyer des étrangers et ils ne parlent que khmer (c'est bien, comme ça je progresse). Une autre différence avec ma vie chez Moni et Pheng, c'est qu'ici je ne dépense absolument rien, ils paient tout pour moi, même les sorties (c'est bien, comme ça je fais des économies). Dimanche dernier, je suis allé avec eux dans leur province natale, Kampong Cham, rencontrer les grands parents, et surtout faire la tournée des pagodes (5 ou 6) pour faire des offrandes aux moines: en ce moment, il y a une fête qui marque le début de la saison des pluies et de la période de trois mois pendant laquelle les moines ne sortent pas de leurs pagodes (en théorie du moins). On offre plein de choses aux moines, de toutes sortes (nourriture, boissons, gros bidons d'essence, argent, ...): je pense que ses parents ont dû dépenser plus de 1000 dollars en dons! C'était évidemment très intéressant pour moi de voir ceci, et très sympathique car les moines et les familles étaient contents de ma présence et en même temps très intrigués. Les autres jours: visite de la ville, de leurs écoles (universités et institut de technologie), rencontres avec d'autres étudiants, repas (hier soir, barbecue coréen et soupe coréenne, très bon et très copieux). Aujourd'hui, je vais quand même travailler un peu, en aidant Vuthy (qui prépare une thèse de mathématiques à Toulouse) à comprendre les textes officiels en français sur lesquels il travaille (articles et comptes-rendus présentant des données statistiques). Et pendant ce temps, à Toulouse, un autre étudiant khmer, Sophak, s'est installé chez moi car il a dû libérer sa chambre à l'université: il y reste jusqu'à fin septembre (en septembre, deux autres étudiants viendront aussi habiter chez moi pendant un mois! ). Sophak est un très bon cuisinier ..... Ce mail étant très long, j'en écrirai un autre plus tard pour vous expliquer pourquoi des milliers de personnes défilent tous les jours dans la ville, en immenses cortèges joyeux: vendredi dernier, j'étais au milieu d'environ 1,5 million de personnes, et ravi d'y être (Sam Rainsy, vous connaissez? ). Je vous laisse à votre canicule annuelle, Bises, Sochetra.

jeudi 18 juillet 2013

Jeudi 18 Juillet 2013. Bonjour chères et chers, Deux nouveautés depuis le premier épisode. D'abord, six des étudiants khmers qui étaient à Toulouse cette année scolaire sont venus me voir à Kampot, pour célébrer mon anniversaire. Ils ne sont restés qu'un jour et demi mais ce fut très sympathique et animé. Nous avons loué (ou plutôt, ils ont loué) un minibus de 17 places, dans lequel nous fûmes plus de 20 (familles de Moni et eux), pour aller visiter un site touristique perché sur une petite montagne à côté de Kampot, à environ 1000 mètres de hauteur, en surplomb du littoral et de la belle campagne (Phnom Bokor pour les connaisseurs). Je l'avais visité il y a 6 ans: la piste en terre était très mauvaise, surtout qu'il pleuvait, et au sommet il restait uniquement de grands bâtiments en pierre, construits vers 1960, vides et inutilisés, ayant servi de casino (encore très beau), d'église, de résidence pour la famille royale. C'était très beau, et fantomatique dans la brume permanente (qui empêchait cependant d'admirer le paysage). Et maintenant, c'est .... euh, moderne et kitsch, et ça s'appelle "Paradis Bokor"!. L'avantage, c'est que la route qui y mène est parfaite et que cette fois le temps était dégagé, donc on a pu profiter du splendide panorama. Évidemment, les khmers préfèrent maintenant, les touristes sont nostalgiques et préfèrent les anciennes ruines. En fait, l'état a prévu de construire une ville nouvelle sur cette montagne, démesurée et obligeant à raser beaucoup d'arbres (spécialité du pays, surtout dans les zones protégées, détruisant autant d'écosystèmes). Mais ce fut quand même très sympathique, on a mangé de bonnes glaces au casino, et le panorama était vraiment superbe (pour certains, c'était la première fois qu'ils montaient sur une montagne! ). Et le lendemain, visite des grottes voisines, balades en motos au milieu des rizières: les étudiants khmers étaient de vrais touristes, prenant plein de photos comme si c'était la première fois qu'ils voyaient des rizières. J'ai aussi la confirmation qu'ils sont assez différents de ceux que je fréquente: moi, je connais uniquement des paysans, et eux sont des jeunes de la ville, plus sûrs d'eux, moins timides et plus débrouillards. Mais le fait d'être khmers annulent finalement toutes leurs différences: être khmers est une notion plus forte que d'être français par exemple. L'autre nouveauté: comme j'ai réussi à m'enrhumer sur la montagne (il devrait faire 18 degrés! ), je suis allé voir le médecin du coin. Trois choses à savoir. D'abord, au Cambodge comme dans beaucoup de pays émergents, on estime que 30% des médicaments sont des faux. Ensuite, chaque fois que j'ai pris des médicaments, souvent directement conseillés par des pharmaciens, ils étaient très .... efficaces! Ils les vendent à l'unité, en les plaçant dans des petits sacs en plastique correspondant aux différents prises de la journée, pour 2 ou 3 jours seulement, et ça marche très bien! Dernière chose à savoir: il faut d'emblée avoir confiance ou plutôt décider d'avoir confiance. Le "cabinet" du docteur était une petite cabane en bois, très bordélique et poussiéreuse, ce qui ne l'a pas empêché de me faire deux piqûres dans les fesses (de je ne sais quels produits), après quand même s'être lavé les mains à l'eau de pluie ou de la mare. Bref, rien d'exceptionnel ici, comme dans la majeure partie des pays du monde. Ce que je vois ici, c'est en fait la vie que connaît la grande majorité des humains (et le Cambodge ne fait pas partie des pays les plus rudes), et c'est nous qui sommes une exception sur cette terre. Sur ces propos hautement sociologiques, je retourne à mon hamac et je vous donne rendez-vous pour un prochain épisode, sûrement en direct de Phnom Penh. Bises, François.

mardi 9 juillet 2013

Mardi 9 Juillet 2013. Hello everybody, Et oui, ça recommence comme chaque année: je viens encombrer (ou égayer) votre boîte mail par le récit de mon séjour dans mon deuxième pays, le Cambodge. J'y suis depuis déjà deux semaines, chez l'un de mes deux filleuls, Moni, dont sa femme Samphors a accouché d'un gros bébé, Satya, qui pèse 10kg alors qu'il n'a que 5 mois. Il est très souriant et ne pleure quasiment jamais (même quand, la nuit, il reçoit sur lui un ventilateur posé sur le lit: il a pleuré 20 secondes environ, puis s'est profondément rendormi! ). Si tout va bien, vous pouvez les voir dans une photo jointe à ce message. Les autres grandes nouveautés de cette maison, c'est qu'il y a maintenant l'électricité et des toilettes: c'est incroyable comme ça change la vie! Il n'y a pas encore l'eau courante, et ce n'est pas du tout prévu dans les années à venir. Pour l'eau, on attend qu'il pleuve pour remplir d'énormes jarres en terre, ou on puisse de l'eau dans la grande marre boueuse qui est située à côté de la maison: je vous rassure, on ne la boit pas, elle sert pour prendre la douche (en plein air, un grand plaisir) ou pour les toilettes (à la turque) ou la cuisine. Nous ne buvons que de l'eau potable en bouteilles. Un autre grand changement dans cette campagne: pour labourer la terre des rizières, on voit de moins en moins d'attelages avec deux boeufs (exotique et photogénique mais difficile et lent) et de plus en plus de grosses charrues à moteur qui se guident en marchant derrière (moins exotique mais plus efficace!). Au niveau divertissements, comme d'habitude: baignade (dans la mare boueuse, oui je sais, il ne faut pas à cause des maladies que l'on peut y attraper), visites chez des gens et dans des champs de fruits exotiques, visite à la pagode dont je connais bien le supérieur (voir mails des années précédentes): ils y construisent un très grand bâtiment en briques qui abrite déjà un immense bouddha en pierre, et qui coûtera en tout environ 160 000 euros! Ce n'est financé que par les dons des particuliers, surtout des khmers habitant à l'étranger (je financerai l'électrification de la pagode: le supérieur m'a promis que dans ma vie future, après réincarnation, j'aurai des yeux extraordinaires. ...). Pheng, mon autre filleul, va aussi très bien: je vous rappelle qu'il est marié et qu'il a aussi un fils, Daviya, âgé de 15 mois (et d'un poids normal!). Si tout marche bien, vous pouvez les voir en photos. Vous verrez aussi la vingtaine de cochons qu'il possède, et sa vache. Chez lui, des toilettes nouvelles, mais pas encore l'électricité (dans une semaine environ). Bon, c'est tout pour cet épisode, Bises presque pas pluvieuses (alors qu'il y a des inondations dans la ville de Phnom Penh) et pas caniculaires (eux ont même froid), Votre reporter dévoué, Sochetra.